Description

L'insuffisance rénale chronique est le déclin lent et progressif de la fonction rénale. Elle est habituellement la complication d'un trouble de santé grave comme le diabète, l'hypertension artérielle et les maladies cardiovasculaires. À la différence de l'insuffisance rénale aiguë, qui survient rapidement et soudainement, l'insuffisance rénale chronique s'installe graduellement – pendant des semaines, des mois ou des années – à mesure que les reins cessent lentement de fonctionner, ce qui mène à l'insuffisance rénale terminale (IRT).

La progression est si lente que la maladie peut rester silencieuse jusqu'à ce que d'importants dommages soient déjà réalisés. Environ 7 Canadien sur 100 est atteint d'une maladie rénale chronique.

Les reins assurent 3 fonctions majeures :

  • filtrer le sang et produire l'urine pour éliminer les déchets du corps, empêchant ainsi l'accumulation de toxines dans le courant sanguin;
  • produire des hormones qui agissent sur d'autres fonctions du corps, comme la régulation de la pression artérielle et la production de globules rouges sanguins;
  • régir la concentration des éléments minéraux ou électrolytes (par ex. le sodium, le calcium et le potassium) et la quantité de liquide dans l'organisme.

La plupart des gens ont 2 reins en bon état. Il est tout à fait possible de mener une vie active et en santé avec 1 seul rein – un rein intact peut généralement faire le travail pour 2 – mais il est essentiel de surveiller le rein restant pour y déceler tout signe d'anomalie.

Lorsqu'on arrive au stade où les reins ne peuvent plus fonctionner, les deux options permettant d'éliminer les déchets de la circulation sanguine sont la dialyse ou la greffe rénale.

Causes

Les causes les plus courantes de l'insuffisance rénale chronique en Amérique du Nord sont le diabète sucré (diabète de type 1 ou 2) et la pression artérielle élevée.

Une des complications du diabète et de la pression artérielle élevée est l'apparition de lésions sur les petits vaisseaux sanguins du corps, y compris ceux qui se trouvent dans les reins; il en résulte une insuffisance rénale chronique.

Voici d'autres causes courantes de l'insuffisance rénale chronique :

  • des affections auto-immunes, comme le lupus érythémateux aigu disséminé;
  • un durcissement des artères qui peut endommager les vaisseaux sanguins du rein;
  • la maladie polykystique des reins (présence de plusieurs kystes dans les reins);
  • une obstruction des voies urinaires et un reflux, attribuables aux infections et aux calculs fréquents ou à une anomalie anatomique congénitale;
  • une pyélonéphrite (infection des reins) récidivante;
  • l'utilisation excessive de médicaments métabolisés par les reins.

Symptômes et Complications

L'insuffisance rénale chronique peut être présente pendant des années avant que des symptômes soient perceptibles. Lorsque la fonction rénale des reins commence à être réduite, les tissus intacts des reins aident à compenser pour cette perte de fonction en travaillant plus fort. Si votre médecin soupçonne la survenue probable d'une insuffisance rénale, il essaiera de la dépister précocement en prescrivant régulièrement des analyses de sang et d'urine. Faute de surveillance régulière, les symptômes peuvent passer inaperçus jusqu'à ce que les reins soient déjà endommagés. Certains symptômes, comme la fatigue, peuvent être présents depuis longtemps, mais, comme ils s'installent graduellement, on ne les remarque pas ou ne voit pas de rapport avec une insuffisance rénale.

Certains signes ou symptômes sont plus évidents, notamment :

  • des mictions plus fréquentes, surtout la nuit;
  • la présence de mousse ou de bulles dans l'urine (indique la présence de protéines dans l'urine);
  • une urine trouble ou de couleur foncée.

D'autres symptômes sont moins évidents, mais résultent directement de l'incapacité des reins à éliminer de l'organisme les déchets et l'excès de liquide :

  • des contractions ou crampes musculaires;
  • une démangeaison persistante et généralisée;
  • un essoufflement;
  • de la fatigue;
  • un goût désagréable dans la bouche ou une mauvaise haleine;
  • de la nausée et des vomissements (un symptôme rencontré fréquemment);
  • les paupières bouffies, une enflure des mains et des pieds (symptôme appelé œdème);
  • une perte d'appétit;
  • une perte de poids;
  • une pression artérielle élevée;
  • de la soif;

À mesure que l'insuffisance rénale s'aggrave et que les toxines s'accumulent dans l'organisme, des convulsions et une confusion mentale peuvent se produire.

Apprendre qu'on est atteint d'insuffisance rénale chronique peut être très effrayant. Le pronostic dépend, cependant, de l'affection qui provoque l'insuffisance rénale, de l'ampleur des atteintes rénales et des complications coexistantes, s'il y a lieu.

Voici quelques-unes des complications possibles :

  • une accumulation de liquides (œdème);
  • une anémie;
  • des anomalies électrolytiques (par ex. l'hyperkaliémie, une augmentation de potassium dans le sang);
  • des anomalies minérales (par ex. une hypercalcémie (calcium sanguin élevé) ou une hyperphosphatémie (phosphates sanguin élevé);
  • une dysfonction érectile;
  • une réduction de l’intérêt pour les activités sexuelles;
  • une augmentation de la fragilité osseuse;
  • des crises convulsives;
  • une déshydratation;
  • de l'hypertension;
  • la malnutrition;
  • une susceptibilité accrue aux infections;
  • une réduction de la fertilité.

Diagnostic

Il est important d'obtenir vos antécédents médicaux pour déterminer les facteurs de risque d'insuffisance rénale. Après avoir pris des renseignements détaillés sur votre santé à ce jour, votre médecin demandera quelques-uns ou tous les examens suivants :

  • des analyses sanguines;
  • des analyses urinaires pour détecter une protéinurie (un excès de protéines dans l'urine);
  • une échographie de l'abdomen;
  • l'imagerie par résonance magnétique de l'abdomen (IRM);
  • une mesure de la pression artérielle (de nombreuses personnes atteintes d'insuffisance rénale présentent une pression artérielle élevée);
  • une radiographie des reins;
  • une scintigraphie rénale;
  • une tomodensitométrie (TDM) de l'abdomen;

Les examens par radiographie, scintigraphie et échographie permettent de vérifier s'il y a des anomalies dans les reins, comme une réduction de volume, des tumeurs ou des obstructions. En se fondant sur les résultats de ces examens, le médecin pourra confirmer si la fonction rénale est anormale et s'il y a une insuffisance rénale chronique.

Traitement et Prévention

Les premières mesures recommandées aux personnes atteintes d'insuffisance rénale sont des modifications du régime alimentaire. Un régime alimentaire faible en protéines est souvent recommandé pour aider à ralentir l'accumulation des déchets dans l'organisme et à limiter les nausées et les vomissements susceptibles d'accompagner l'insuffisance rénale chronique. Un diététiste qualifié peut aider les patients à établir le régime approprié, qui doit tenir compte des maladies sous-jacentes.

Comme les reins n'éliminent plus les déchets de l'organisme aussi efficacement qu'ils le devraient, il en résulte soit des concentrationsd'électrolytes (sodium et potassium) et de minéraux (calcium et phosphate) s’accumuler trop vite ou soit une élimination trop rapide de ces éléments. Les concentrations de ces électrolytes et de ces minéraux sont mesurées au moyen d'analyses sanguines régulières, et si les taux observés indiquent un déséquilibre, il est possible que des modifications dans la prise des médicaments ou du régime alimentaire soient conseillées. Plusieurs personnes souffrant de maladie rénale chronique doivent réduire leur apport en sel. Votre médecin peut également vérifier vos taux sanguins de vitamine D, car ils peuvent être diminués chez les personnes atteintes d'une maladie rénale. Votre médecin peut vous suggérer une prise de suppléments ou de médicaments susceptibles d'aider à prendre en charge ce déséquilibre.

Si les reins n'éliminent plus l'excès de liquide, il faudrait restreindre l'apport liquidien pour réduire le travail imposé aux reins et au cœur. On peut déterminer à l'avance la consommation de liquide permise quotidiennement, mais, en général, elle est fonction de la quantité d'urine produite le jour précédent. Par exemple, la personne qui a produit 500 mL d'urine en 1 journée pourrait boire 500 mL de liquide au cours des 24 prochaines heures. Les restrictions liquidiennes ne s'appliquent habituellement qu'en cas d'enflure importante ou dans l'insuffisance rénale au stade terminal qui nécessite une dialyse. Là encore, des diététistes peuvent aider les patients à intégrer les restrictions dans leurs habitudes alimentaires, tout en leur expliquant ce qui est permis et ce qu'il faut éviter.

Si la fonction rénale continue à se détériorer malgré le traitement, on devra recourir à la dialyse ou à la greffe rénale.

Il existe 2 types de dialyse : la dialyse péritonéale et l'hémodialyse. Au lieu du rein, la dialyse fait appel à une membrane qui joue le rôle de filtre, pour éliminer de l'organisme les déchets et l'excès de liquide. Le choix d'une méthode de dialyse dépend de plusieurs facteurs, notamment le mode de vie de la personne. La dialyse ne peut guérir la maladie. Aussi, les personnes traitées à l'aide de cette méthode doivent quand même se conformer aux restrictions alimentaires recommandées et prendre leurs médicaments selon les prescriptions.

Dans la dialyse péritonéale, c'est la membrane naturelle de la cavité abdominale, appelée péritoine, qui joue le rôle de filtre. On ne peut l'utiliser que chez les personnes qui n'ont pas subi une intervention chirurgicale majeure à l'abdomen. À l'aide d'un cathéter (tube flexible, de très petite dimension) placé en permanence dans l'abdomen, on remplit la cavité abdominale d'une solution appelée dialysat qu'on laisse dans l'abdomen pendant un certain temps. Le dialysat débarrasse le sang des déchets et de l'excès de liquide, qui passent à travers la membrane du péritoine. Une fois l'opération terminée, on retire le dialysat – chargé maintenant des déchets et des liquides dont l'organisme n'a pas besoin – pour le remplacer par un autre dialysat. La dialyse péritonéale peut être effectuée de façon continue, sous forme de cycles. Dans la plupart des cas, elle est effectuée à domicile, par le patient ou un membre de sa famille. Elle se fait au moins quotidiennement, mais sa fréquence varie selon le type de dialyse péritonéale utilisée. On peut avoir à répéter le cycle toutes les quelques heures ou on peut effectuer la dialyse tout au long de la nuit en utilisant un appareil qui change le liquide automatiquement pendant le sommeil.

La dialyse péritonéale n'est pas efficace pour tout le monde et peut même cesser de l'être après une certaine période d'utilisation. Si tel est le cas, il faut recourir à l'hémodialyse.

L'hémodialyse est une intervention qui doit être pratiquée à l'hôpital ou dans une clinique équipée à cette fin. On utilise donc une machine ou dialyseur pour filtrer le sang et en éliminer les déchets et l'excès de liquide. Le dialyseur est une membrane enroulée comprenant des centaines de fibres vides. Une machine pompe le sang à travers le dialyseur. Le sang du patient demeure sur un côté de la membrane, tandis que le dialysat reste de l'autre côté. Tout comme dans la dialyse péritonéale, les déchets et l'excès de liquide traversent le filtre et sont retenus dans le dialysat. Le sang ainsi épuré est retourné dans l'organisme. L'hémodialyse est plus rapide que la dialyse péritonéale et, en général, le cycle est terminé en 4 ou 5 heures. On répète l'hémodialyse environ 3 fois par semaine.

L'insuffisance rénale chronique cause souvent de l'anémie, une affection caractérisée par le manque de globules rouges normaux dans l'organisme. Le médecin peut conseiller à certaines personnes atteintes d'anémie provoquée par l'insuffisance rénale chronique de prendre des médicaments qui traiteront l'anémie en stimulant la production de globules rouges par l'organisme.

Pour certaines personnes atteintes d'insuffisance rénale chronique, la greffe rénale constitue une solution. À un moment ou à un autre, toutes les personnes atteintes de la maladie sont évaluées pour déterminer si elles peuvent recevoir une greffe. Toutefois, certaines personnes qui souffrent d'autres maladies importantes peuvent courir un risque plus grand de complication de la chirurgie ou de l'utilisation de médicaments antirejet; il se peut donc que la greffe ne représente pas une option adaptée à leur situation. Le rein greffé peut provenir d'un donneur vivant, un parent en général, ou de quelqu'un qui vient de décéder et qui a accepté de faire un don d'organes. Après une greffe réussie et avec des soins médicaux appropriés, le receveur peut mener une vie active, en bonne santé.

La prévention doit commencer bien avant l'apparition des signes d'insuffisance rénale. De nombreuses personnes atteintes d'insuffisance rénale chronique ont déjà contracté ou contracteront une maladie cardiovasculaire. Comme l'insuffisance rénale chronique et la maladie cardiovasculaire partagent certains facteurs de risque, le diabète et la pression artérielle élevée, par exemple, il est important de traiter ces facteurs de risque de maladie cardiovasculaire pour traiter efficacement l'insuffisance rénale chronique. On doit ainsi bien contrôler la pression artérielle et le cholestérol et maîtriser les niveaux de glycémie des diabétiques. Les médecins peuvent également suggérer certaines modifications au mode de vie comme l'arrêt du tabagisme, des modifications en faveur d'un régime alimentaire sain (par ex. la réduction de l'apport en sel) et la pratique d'une activité physique régulière.

Les personnes présentant des risques élevés d'insuffisance rénale chronique devraient être sensibilisées aux risques potentiels. De plus, elles devraient être renseignées sur les mesures pour éviter l'apparition de l'insuffisance rénale, ainsi que les signes d'avertissement à surveiller. Certes, l'insuffisance rénale chronique ne peut être guérie, mais on peut en réduire les complications et les symptômes.

Les suggestions suivantes aideront à prévenir l'insuffisance rénale chronique ou à en retarder l'apparition :

  • prendre en charge certains facteurs de risque cardiovasculaires :
    • ne pas fumer : le tabagisme peut accélérer les dommages aux petits vaisseaux de l'organisme;
    • mesurer régulièrement sa pression artérielle régulièrement et savoir quel est le niveau cible à atteindre;
    • suivre un régime alimentaire sain et pratiquer de l'exercice régulièrement;
    • limiter sa consommation d'alcool;
  • suivre fidèlement les traitements recommandés pour maîtriser les maladies chroniques pouvant influencer la fonction rénale, comme le diabète, le lupus et l'hypertension;
  • ne pas abuser des médicaments vendus sous prescription et ceux que l'on peut se procurer sans ordonnance - consultez votre pharmacien;
  • se faire traiter sans tarder dans le cas d'une infection urinaire ou de toute autre affection des voies urinaires.

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