Description

L'arthrite est un désordre chronique qui touche 1 Canadien sur 5, soit environ 6 millions de personnes âgées de plus de 15 ans. Près de la moitié des Canadiens souffrant d'arthrite est âgée moins de 65 ans. L'arthrite est un des principaux motifs de consultation médicale et une des principales causes d'invalidité au Canada.

On retrouve dans le mot arthrite, l'élément grec arthron signifiant « articulation », et le suffixe -itis utilisé pour dénoter la présence d'une « inflammation ». Aujourd'hui, ce terme sert à désigner plus d'une centaine de problèmes articulaires différents se manifestant par des symptômes spécifiques comme de la douleur, de l'enflure et de la raideur.

Les deux types d'arthrite les plus courants sont l'arthrose et la polyarthrite rhumatoïde. Il existe d'autres formes d'arthrite, notamment la goutte, la spondylarthrite ankylosante, le lupus érythémateux disséminé (le LED ou lupus) et la polyarthrite psoriasique.

Les effets de l'arthrite sont généralement bénins, mais, dans certains cas, ils peuvent être invalidants. La polyarthrite rhumatoïde atteint environ 1 personne sur 100, touchant plus souvent les femmes que les hommes. Cette forme d'arthrite peut toucher les articulations ainsi que certains organes. On estime que l'arthrose touche environ 14% des Canadiens et touchant également les femmes de façon disproportionnée aussi plus fréquente chez les femmes. L'arthrose peut se produire à tout âge, mais son incidence augmente avec l'âge. Enfin, elle touche beaucoup plus fréquemment les personnes dont le poids n’est pas compris dans des limites considérées comme saines.

Causes

Certains types d'arthrite sont génétiques ou héréditaires, c'est-à-dire qu'ils ont tendance à survenir d'une génération à l'autre. D'autres formes de l'affection sont liées à un déséquilibre chimique ou à un système immunitaire trop actif. Toutes les formes d'arthrite altèrent les articulations jusqu'à un certain point, mais certaines formes produisent leurs manifestations les plus graves dans d'autres parties du corps.

L'arthrose, la forme d'arthrite la plus courante, touche principalement les personnes de plus de 60 ans, mais elle peut aussi atteindre les personnes plus jeunes qui ont subi des blessures articulaires graves. Elle est de nature dégénérative : le cartilage des articulations s'use progressivement et ne prévient plus le glissement de l'extrémité des os l'une contre l'autre.

L'arthrose peut se développer spontanément, sans raison apparente, ou être provoquée par une cause secondaire quand le dommage articulaire résulte d'une blessure ou d'un traumatisme. Par contre, l'embonpoint est le facteur de risque de l'arthrose de la hanche et des articulations de la jambe qui est de loin le plus important.

L'usure constitue la principale manifestation de l'arthrose, et les chercheurs ont commencé à éclaircir les mécanismes précis de cette affection. L'inflammation ne joue pas un rôle aussi important dans l'arthrose que dans les autres types d'arthrite; néanmoins, pour certaines personnes, elle constitue une caractéristique prédominante. Un athlète dont les articulations ont été lésées, ou une personne qui exerce un travail sollicitant quotidiennement les articulations, court un risque plus élevé de problèmes arthritiques plus tard dans la vie.

La polyarthrite rhumatoïde (PR) est due à l'inflammation et à l'épaississement du tissu articulaire appelé synoviale. Les chercheurs pensent que les formes inflammatoires de l'arthrite, telle la polyarthrite rhumatoïde, sont peut-être causées par le déclenchement du système immunitaire de l’organisme  « déclenchées » par une infection bactérienne ou virale; cette théorie n’est toutefois pas confirmée.  Il en résulte une réponse immunitaire anormale, et l'organisme détruit ainsi ses propres tissus. Dans le cas de la PR, les articulations sont la principale cible de la destruction.

Certaines formes d'arthrites, appelées crystal-arthrites microcristallines, sont dues à des problèmes métaboliques. Ces affections comprennent la goutte et la pseudogoutte, toutes deux provoquées par des dépôts de cristaux dans les articulations. Les hommes sont environ 3 à 4 fois plus susceptibles d'avoir la goutte que les femmes, et les femmes deviennent plus susceptibles de contracter la goutte après la ménopause. Les personnes âgées de plus de 65 ans sont plus souvent touchées. La goutte est souvent d'origine génétique, mais elle est également liée à une consommation excessive d'alcool, à la déshydratation, à l'obésité, à des régimes alimentaires à forte teneur en protéine, à un traumatisme, une tension artérielle élevée, et à certains médicaments. La goutte résulte de l'accumulation d'acide urique, déchet provenant de la dégradation du bol alimentaire. L'excédent d'acide urique forme des cristaux d'urate de sodium qui s'accumulent dans divers tissus, y compris les tissus articulaires, et provoque une inflammation. Cette situation peut également causer des pierres au rein (aussi appelées calculs rénaux).

Symptômes et Complications

Les symptômes de l'arthrose comprennent :

  • une raideur (qui dure moins de 30 minutes) au réveil ou après un repos prolongé;
  • une douleur articulaire ressentie au cours d'un mouvement ou après;
  • une gêne articulaire avant ou pendant un changement de temps;
  • le gonflement ou la perte de souplesse d'une articulation;
  • l'apparition de bosses osseuses sur les articulations du bout ou du milieu des doigts (appelées nodosités d'Heberden et nodosités de Bouchard, respectivement);
  • une sensation de grincement ou un bruit de craquement lorsque l'articulation bouge.

Les symptômes de la polyarthrite rhumatoïde (PR) comprennent :

  • une douleur et un gonflement de n'importe quelle articulation, habituellement de distribution symétrique (si l'articulation d'un côté est touchée, l'articulation correspondante de l'autre côté le sera peu après également);
  • un endolorissement généralisé ou de la raideur, particulièrement au réveil ou après une période d'immobilité;
  • plusieurs articulations qui gonflent, rougissent et sont chaudes au toucher;
  • des nodules qui apparaissent habituellement près des coudes (mais ailleurs également);
  • de la fatigue;
  • une perte de poids ou d'appétit.

Les symptômes de la goutte comprennent :

  • une inflammation articulaire aiguë accompagnée de douleur intense, d'enflure, de chaleur et de rougeur. Les attaques de goutte sont généralement très évidentes; les symptômes font souvent penser à une infection aiguë, et il peut s'avérer difficile de faire la distinction entre les deux. La goutte peut toucher n'importe quelle articulation, mais celles du gros orteil occupent le premier rang, et de loin. En l'absence de traitement, la crise peut durer jusqu'à 1 semaine, voire davantage, puis elle se résout d'elle-même;
  • une douleur au flanc ou à l'aine et du sang dans l'urine (visible à l'œil nu ou seulement par une analyse) qui peuvent signaler la présence d'un calcul rénal.

Diagnostic

Avant d'établir un diagnostic d'arthrite, le médecin vous posera plusieurs questions sur votre santé et vos symptômes, et il vous fera un examen physique pour vérifier quelles articulations et quels organes ou tissus seraient touchés, et aussi pour exclure d'autres diagnostics possibles.

Il se peut que les articulations ne montrent aucune anomalie; par contre, elles pourraient être sensibles, enflées, rouges ou chaudes, ou encore avoir une amplitude de mouvement limitée.

Étant donné qu'il n'existe aucun test spécifique de l'arthrite, le diagnostic de presque toutes les formes d'arthrite est fondé sur les observations cliniques du médecin. Ce dernier confirme son diagnostic en s'appuyant sur l'ensemble de ses observations concernant les antécédents médicaux du patient, ses antécédents familiaux, son milieu de vie, l'examen physique, les tests effectués et l'évolution de l'état du patient au fil du temps.

Les radiographies peuvent révéler les changements caractéristiques de l'arthrose, de la polyarthrite rhumatoïde et d'autres types d'arthrite, mais il se peut également qu'elles ne révèlent rien du tout. Les examens d'imagerie par résonance magnétique (IRM) et l'échographie peuvent donner plus d'information que les radiographies. Parfois, on prélève une petite quantité de liquide dans l'articulation enflée; ce liquide est envoyé au laboratoire pour un examen au microscope qui vise à vérifier s'il contient des globules blancs ou d'autres éléments pertinents.

Traitement et Prévention

De nombreuses formes d'arthrite sont malheureusement incurables. Les traitements actuels consistent à atténuer les symptômes comme la douleur et l'inflammation à l'aide de programmes d'exercices, de physiothérapie et de médicaments.

Il est possible de prendre certaines mesures aujourd'hui afin de réduire la probabilité d'arthrose plus tard dans la vie. Le changement le plus important que vous puissiez faire consiste à maintenir un poids santé afin de limiter le stress imposé à vos articulations. Un gain de poids de de 4,5 à 9 kg (10 à 20 lb) au tournant de l'âge adulte accentue l'usure du cartilage amortisseur des chocs subis par les articulations et peut, à la longue, léser gravement les articulations. Il est conseillé d'éviter de faire des mouvements répétitifs pendant de longues périodes. Par contre, si ces mouvements font inévitablement partie du travail ou des loisirs, il est important de suivre un entraînement adéquat. Des exercices d’étirement quotidiens peuvent aider à atténuer ces problèmes.

Si une personne a subi un traumatisme à une articulation, il lui faudra des soins médicaux et une rééducation pour éviter des lésions supplémentaires. Il est conseillé de consulter un médecin pour savoir comment utiliser correctement les coussins chauds, les bouillottes d'eau chaude, les bains chauds, la glace et le repos pour traiter un traumatisme.

Les programmes d'exercice qui visent le maintien du tonus musculaire sont utiles pour la prise en charge de l'arthrose et des autres formes d'arthrite. Ces programmes peuvent comporter des exercices spéciaux prescrits par votre médecin. Un physiothérapeute peut vous aider à faire des exercices qui renforcent les muscles et améliorent l'amplitude de mouvement. La natation peut être bénéfique, car elle n'exerce qu'une faible pression sur les articulations. En outre, la marche offre une excellente forme de thérapie en cas d'arthrite du genou, mais seulement dans la mesure où elle ne provoque pas de douleur. Dans certains cas, la chaleur et le repos suffisent à soulager la douleur articulaire causée par l'arthrose. L'application de froid (glace ou bloc réfrigérant) s'avère efficace pour soulager la douleur à court terme, mais elle peut augmenter la raideur de manière temporaire.

Parmi les médicaments servant au traitement de l'arthrose, on trouve une vaste gamme d'analgésiques et d'anti-inflammatoires. En règle générale, l'acétaminophène* constitue un bon choix pour l'usage prolongé, mais il est important de ne pas dépasser la quantité recommandée (soit un maximum de 4 000 milligrammes par jour). En effet, bien que ce produit soit offert en vente libre, un usage incorrect peut causer des lésions graves au foie. Si l'acétaminophène est inefficace ou en présence d'inflammation, on pourrait vous recommander de prendre des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), par ex. l'ibuprofène ou le naproxène. Il existe également des analgésiques topiques, comme le diclofénac* ou la capsaïcine, pour soulager la douleur localisée causée par l'arthrose.

Bien que l'acétaminophène et certaines formes d'anti-inflammatoires non stéroïdiens soient disponibles en vente libre, il est important de consulter votre médecin ou votre pharmacien avant de prendre ces médicaments, car ces produits peuvent, eux aussi, avoir des effets secondaires graves ou provoquer des interactions avec d'autres médicaments, s'ils ne sont pas employés correctement.

Les analgésiques narcotiques obtenus sur ordonnance (par ex. divers produits dérivés de la codéine) aident à soulager la douleur aiguë, mais ils peuvent aussi causer du tort s'ils ne sont pas employés correctement et créer une dépendance. Enfin, la constipation est un effet secondaire courant de ces médicaments lorsqu'ils sont employés régulièrement; il pourrait donc s'avérer nécessaire de régler ce problème.

L'injection de corticostéroïdes dans les articulations atteintes représente une option de traitement quand les autres thérapies échouent. Toutefois, il ne faut pas y recourir trop souvent, et pas du tout dans le cas de certaines personnes, par exemple celles qui ont une infection ou un trouble du sang. La personne qui souffre d'arthrose et qui a aussi des antécédents de dépression ou de douleur neuropathique (causée par un dysfonctionnement du système nerveux) pourrait envisager de parler à son médecin concernant l'emploi de la duloxétine* (un antidépresseur). Les cas graves peuvent nécessiter une intervention chirurgicale afin de remplacer une hanche ou un genou.

Le traitement de la polyarthrite rhumatoïde et des autres types d'arthrite inflammatoire comprend des exercices sur mesure et des médicaments comme le célécoxib et d'autres AINS.

Le groupe de médicaments appelés antirhumatismaux modificateurs de la maladie (ARMM) comme l'hydroxychloroquine et le méthotrexate peuvent s'avérer utiles dans le traitement de la PR, mais ils ont besoin d'un certain délai (de quelques semaines à quelques mois) avant de commencer à agir. L'action des ARMM peut aider à prévenir la destruction des articulations. Un autre groupe de médicaments appelés modificateurs de la réponse biologique (MRB) (par ex. l'abatacept, l'adalimumab, l'anakinra, l'étanercept, l'infliximab, le rituximab et bien d'autres encore) peuvent aussi contribuer à atténuer les symptômes de la PR et à ralentir la destruction articulaire. Certains ARMM synthétiques appelés ARMM synthétiques ciblés (par exemple, le tofacitinib, le baricitinib et l'upadacitinib) peuvent améliorer les symptômes de la PR en bloquant des signaux spécifiques dans la voie inflammatoire.

Par ailleurs, les corticostéroïdes (par ex. la prednisone et la méthylprednisolone) peuvent être employés avec modération pour venir à bout de l'inflammation. Ils sont souvent combinés à d'autres médicaments utilisés pour soigner une PR (par ex. un modificateur de la réponse biologique s'emploie souvent avec un ARMM). Il est important de réduire le stress subi par les articulations afin d'éviter d'autres lésions. Parfois, la personne doit employer une canne, une marchette, une orthèse ou des béquilles pour réduire le poids que doivent porter certaines articulations.

Les AINS peuvent aussi servir au traitement des symptômes aigus de la goutte, mais il faut éviter la prise de faibles doses d'AAS, car ce médicament modifie la façon dont les reins traitent l'acide urique. Les corticostéroïdes ou la colchicine sont également employés pour traiter les crises aiguës de goutte. De plus, l'emploi régulier de colchicine permet de réduire la fréquence des attaques. Dans certains cas, d’autres médicaments (par ex. l'allopurinol ou le fébuxostat) sont prescrits dans le but de prévenir des crises de goutte aiguës.

Ces médicaments peuvent tous avoir des effets secondaires graves; par conséquent, leur emploi ne se fait pas à la légère, et le médecin doit exercer un suivi. Assurez-vous de bien saisir tous les risques et les bienfaits de ces médicaments avant de commencer à les utiliser. Les rhumatologues sont des médecins spécialisés dans le diagnostic, le traitement et la prise en charge de la polyarthrite rhumatoïde (et de toutes les autres formes d'arthrite).

Il peut être difficile de vivre avec l'arthrite et de l'affronter au quotidien, comme toute affection chronique d'ailleurs. Dans certains cas, l'arthrite nuit seulement un peu aux activités quotidiennes, mais elle peut aussi s'avérer plus grave et extrêmement débilitante. Certaines personnes tirent parti de conseils ou de groupes de soutien pour faire face aux défis qui accompagnent l'arthrite. De nombreuses ressources sont mises à votre portée – profitez-en. La Société de l'arthrite du Canada met à votre disposition des ressources précieuses.

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