Description

Nous éprouvons tous des humeurs variées comme le bonheur, la tristesse et la colère. Les humeurs désagréables et les sautes d'humeur sont des réactions normales au quotidien et l'on peut souvent identifier les événements qui sont à l'origine de ces troubles. Cependant, lorsque l'on éprouve des changements d'humeur ou des humeurs extrêmes qui surviennent de façon totalement inattendue et qui entravent notre bon fonctionnement, ces changements proviennent souvent de troubles de l'humeur.

Le trouble bipolaire (autrefois connu sous le nom de trouble maniacodépressif) est un trouble de l'humeur qui est caractérisé par des périodes d'humeur extrêmement élevée (manie), des humeurs extrêmement basses (dépression), et des épisodes d'humeur normale.

Le trouble bipolaire se déclenche généralement pendant l'adolescence et le début de la vie adulte. L'âge le plus fréquent du début de la maladie est compris entre l'adolescence et le début de la trentaine. Il n'est pas courant que le trouble bipolaire se déclenche chez les enfants qui ne présentent pas de facteurs de risques familiaux et il est rare qu'il se déclenche chez les personnes de plus de 60 ans (sauf lorsqu'il est associé à une autre maladie). Le trouble bipolaire touche environ 2 % de la population Canadienne et il affecte les hommes et les femmes dans une même proportion. Le taux de suicide chez les personnes atteintes du trouble bipolaire est environ 10 à 30 fois plus élevé que celui de la population générale.

Causes

On n'a pas mis en évidence de cause unique du trouble bipolaire, mais les recherches laissent penser qu'il est provoqué par des anomalies de la fonction ou du mode de communication des cellules nerveuses du cerveau. Les chercheurs pensent également qu'il existe un lien génétique certain (antécédents familiaux) : les personnes dont un parent, une sœur ou un frère de même père et de même mère est atteint de trouble bipolaire courent un risque plus élevé d'être affectées elles aussi.

Quelle que soit la nature exacte de la cause à la base du trouble bipolaire, ce dernier rend clairement plus vulnérables aux stress physiques et émotionnels les personnes qui en sont atteintes. Par conséquent, des événements bouleversants de la vie, l'alcool, l'usage de drogues illicites, le manque de sommeil, l'utilisation de certains antidépresseurs ou d'autres sources de stress peuvent déclencher des crises de la maladie, bien que ces tensions ne soient en fait pas à l'origine du trouble.

La personne atteinte de trouble bipolaire n'est pas responsable de son affection qui ne provient pas d'une personnalité « faible » ou instable. Les troubles de l'humeur sont des affections que l'on peut traiter médicalement.

Symptômes et Complications

Le trouble bipolaire est une affection dans laquelle l'humeur de la personne change selon des cycles qui durent des semaines à des mois. L'humeur de la personne peut être extrêmement élevée ou irritable à extrêmement basse et sans espoir. La nature des troubles de l'humeur diffère d'une personne à l'autre. Une personne peut traverser des périodes d'élévation de l'humeur, d'humeur déprimée et des moments pendant lesquels l'humeur est normale. Les périodes d'humeur extrêmement élevée et basse sont des épisodes de manie et de dépression. Il est moins fréquent qu'une personne alterne entre la manie et la dépression; chez la plupart des gens, l'un des états est prédominant.

Manie : pendant un épisode maniaque, une personne sera d'humeur euphorique, irritable, colérique ou agressive sans que celle-ci soit provoquée par l'abus de drogues, par la prise de médicaments et sans qu'elle soit associée à une autre affection médicale. Le trouble de l'humeur sera suffisamment important pour préoccuper les amis et les membres de la famille de cette personne et pourrait nécessiter un séjour à l'hôpital pour l'empêcher de se faire du mal ou de faire du mal à d'autres personnes. Pendant un épisode de manie, la personne fera aussi l'expérience d'au moins trois des symptômes suivants :

  • un besoin de sommeil réduit;
  • un comportement insouciant sans égard aux conséquences potentielles (par ex. dépenser trop d'argent, avoir une activité sexuelle inappropriée ou faire des investissements risqués en affaires);
  • une distractibilité excessive souvent provoquée par des événements non importants ou pertinents;
  • une grande hyperactivité;
  • un rythme de la pensée accéléré;
  • un sentiment exagéré de puissance, de grandeur ou d'importance (estime de soi excessive);
  • une verbalisation excessive, souvent rapide et à fort volume.

Un épisode de manie peut également comprendre des symptômes psychotiques comme des délusions (croire fermement que certaines choses sont vraies alors qu'elles sont fausses) ou des hallucinations (le fait d'entendre, de sentir ou de voir des choses qui n'existent pas). Une personne qui connaît un épisode de manie sera peu susceptible de pouvoir vaquer à ses obligations quotidiennes importantes comme son travail ou ses études.

L'hypomanie est une forme de manie moins excessive caractérisée par les mêmes symptômes, mais à un degré moins élevé et cette affection a moins d'impact négatif sur les activités quotidiennes de la personne. Les symptômes doivent être présents pendant au moins 4 jours consécutifs. Pendant un épisode d'hypomanie, l'humeur de la personne peut être vive et la personne peut être plus productive qu'à l'habitude, mais l'humeur n'est pas caractéristique de sa personnabilité habituelle. Du fait de cet état du bien-être, certaines personnes atteintes de trouble bipolaire peuvent même être amenées à cesser de prendre leurs médicaments pour atteindre l'hypomanie. Toutefois, il n'est pas courant qu'une personne reste en phase d'épisode hypomaniaque pendant longtemps et elle bascule petit à petit dans la manie ou la dépression. Il importe donc de traiter ces épisodes d'hypomanie.

Dépression : au cours d'un épisode dépressif, la personne éprouve des sentiments de tristesse ou encore elle perd son intérêt pour les choses qu'elle apprécie en temps normal. Au moins 5 des symptômes additionnels suivants persistent pendant au moins 2 semaines et causent une détérioration cliniquement significative du fonctionnement social ou professionnel :

  • une baisse de l'humeur;
  • une baisse d'intérêt pour des activités agréables;
  • des difficultés à se concentrer ou à prendre des décisions;
  • une grande fatigue ou une perte d'énergie;
  • des idées récurrentes de mort ou de suicide;
  • de l'insomnie (trouble du sommeil) ou un sommeil excessif;
  • une perte ou une prise de poids (plus de 5 % du poids corporel);
  • le sentiment d'être au ralenti ou au contraire d'être trop agité pour rester en place;
  • le sentiment d'être inutile ou coupable, ou une très faible estime de soi.

Un épisode dépressif peut également comprendre des symptômes d'anxiété intense, d'inquiétudes excessives et d'autres symptômes physiques (par ex. de la douleur) en plus de symptômes psychotiques comme des délusions (croire fermement que certaines choses sont vraies alors qu'elles sont fausses) ou des hallucinations (le fait d'entendre, de sentir ou de voir des choses qui n'existent pas).

Certaines personnes atteintes du désordre bipolaire subissent des épisodes mixtes. Il s'agit d'épisodes de manie ou d'hypomanie accompagnés de 3 symptômes de dépression ou plus en même temps ou en alternance fréquente au cours d'une même journée. Les personnes sont excitables ou agitées comme dans le cas de la manie, mais elles se sentent également irritables et déprimées. Les épisodes mixtes sont ceux qui présentent le risque de suicides le plus élevé. 20 % à 60 % des personnes atteintes de trouble bipolaire sont susceptibles de commettre un suicide au moins une fois.

Certaines personnes atteintes du trouble bipolaire présentent des troubles du mouvement appelés symptômes catatoniques. Parmi ces symptômes, on compte l'agitation physique, l'immobilité et des postures ou des mouvements inhabituels.

Structure du trouble bipolaire

Les personnes souffrant de trouble bipolaire ont des types et des fréquences d'épisodes qui varient selon chacun. Certaines personnes peuvent avoir autant d'épisodes maniaques que d'épisodes dépressifs, tandis que d'autres peuvent avoir principalement un type d'épisode ou l'autre (habituellement la dépression).

Alors que plusieurs années peuvent s'écouler entre les premiers épisodes, sans traitement, la plupart des personnes finissent par avoir des épisodes plus fréquents. Les épisodes peuvent durer des jours, des semaines, des mois ou parfois même des années. Pour certaines personnes, les cycles se succèdent rapidement et elles subissent au moins 4 épisodes par an de différentes combinaisons de manie, d'hypomanie, de trouble mixte ou de dépression.

Classifications

Selon la structure des épisodes, le trouble bipolaire peut être classé comme suit :

  • bipolaire de type 1 : une personne a au moins un épisode de manie ou des épisodes mixtes et un épisode dépressif.
  • bipolaire de type 2 : la personne n'a que des épisodes hypomaniaques et dépressifs, sans manie complète ni épisodes mixtes. L'hypomanie semble souvent normale à la personne et elle ne cherche de traitement que pour la dépression.
  • trouble bipolaire non spécifié autrement : la personne répond à la plupart des critères du trouble bipolaire, mais pas à tous (par ex. épisode donné de plus courte durée ou épisodes d'hypomanie seulement);
  • trouble cyclothymique : la personne a des épisodes d'hypomanie récidivants et des symptômes de dépression.

Diagnostic

Le médecin établira le diagnostic du trouble bipolaire en se basant sur les symptômes. Le diagnostic implique généralement une étude approfondie des antécédents médicaux, des questions sur les antécédents familiaux, un examen physique ainsi qu'une évaluation psychiatrique sur les antécédents d'épisodes de dépression et de manie. Le médecin peut demander des analyses sanguines et urinaires afin de s’assurer que les symptômes ne sont pas secondaires à certaines affections médicales ou à l'utilisation de certains médicaments ou autres substances.

Un diagnostic précoce et approprié constitue un premier pas important vers la prévention d'autres complications telles que le suicide, l'abus d'alcool ou d'autres substances, les problèmes conjugaux ou professionnels ainsi que l'augmentation de la fréquence des épisodes.

Traitement et Prévention

On donnera aux personnes atteintes de trouble bipolaire un traitement pour gérer leurs épisodes actuels ainsi qu'un traitement de long terme pour prévenir les épisodes futurs. Les composants du traitement comprennent des médicaments et des traitements psychosociaux. On réserve généralement l'électroconvulsivothérapie (ECT) aux personnes qui ne réagissent pas au traitement médicamenteux du trouble bipolaire.

Le traitement médicamenteux du trouble bipolaire doit être adapté à chaque personne, car la structure et la gravité de ce trouble diffère d'une personne à l'autre. On a communément recours à un traitement médicamenteux à long terme pour traiter le trouble bipolaire. Parmi les médicaments utilisés dans le traitement du trouble bipolaire, on retrouve :

  • les stabilisateurs de l'humeur : on traite la plupart des personnes atteintes de trouble bipolaire avec des médicaments appelés stabilisateurs de l'humeur (par ex. le lithium, le divalproex* ou l'acide valproïque, la carbamazépine). Ces médicaments soulagent les épisodes en cours, les empêchent de réapparaître et n'aggravent pas la dépression ni la manie ni n'entraînent des cycles plus longs. L'acide valproïque et la carbamazépine sont des anticonvulsivants utilisés dans le traitement de l'épilepsie et qui aident également à stabiliser l'humeur. Il est possible d'utiliser la lamotrigine pour traiter la dépression du trouble bipolaire. Un traitement qui associe deux stabilisateurs de l'humeur est parfois recommandé pour les personnes dont les épisodes maniaques sont modérés ou graves ou celles qui ne répondent pas à un médicament employé seul ou qui deviennent résistantes à un médicament. Lors de l'emploi de certains stabilisateurs de l'humeur, comme le lithium, la concentration sanguine du produit est vérifiée à intervalles réguliers afin de régler la dose au besoin et de s'assurer que le médicament est efficace et que les effets secondaires sont minimes.
  • les antidépresseurs : ces médicaments (p. ex. la fluoxétine, la sertraline) traitent les symptômes de la dépression et agissent en modifiant les taux de certaines substances chimiques du cerveau de façon à ce que l'humeur de la personne s'élève. Chez les personnes atteintes d'un trouble bipolaire, ils doivent être employés avec prudence, en les utilisant habituellement conjointement avec un médicament stabilisateur de l’humeur afin d’empêcher le passage à un épisode de manie. De nombreux types d'antidépresseurs sont disponibles, qui fonctionnent de façon différente et ont des profils d'effets secondaires différents.
  • les antipsychotiques : ces médicaments (c'est-à-dire, l'olanzapine, la rispéridone, la quétiapine, l'aripiprazole, la ziprasidone) sont utilisés pour aider à réduire les symptômes de la manie, et on pense qu'ils agissent en régularisant l'activité de certains produits chimiques dans le cerveau pour stabiliser l'humeur. Comme les antidépresseurs, plusieurs types de ces médicaments sont disponibles – le mécanisme d'action de chacun d'entre eux diffère et ils ont des effets secondaires différents. Les antipsychotiques sont également utilisés pour traiter les symptômes psychotiques comme les délusions et les hallucinations. La quétiapine est également indiquée pour le traitement de la dépression dans le trouble bipolaire, même si aucun symptôme psychotique n'est présent. On utilise également l'olanzapine pour traiter les épisodes mixtes du désordre bipolaire.

D'autres médicaments peuvent être prescrits pour d'autres troubles associés au trouble bipolaire, tels que des somnifères, des médicaments contre l'anxiété ou l'agitation.

Il importe que les personnes souffrant de trouble bipolaire continuent à prendre ces médicaments afin que le traitement de l'affection s'avère efficace. Ne cessez pas de prendre ces médicaments ou n'ajustez pas votre dose de votre propre initiative sans en parler à votre médecin ou votre pharmacien au préalable. Consultez votre médecin ou votre pharmacien si vous avez des questions au sujet des médicaments que vous prenez et demandez-leur quels sont les effets secondaires potentiels.

Parmi les traitements psychothérapie pour le trouble bipolaire, on retrouve la thérapie de groupe et la psychothérapie individuelle. La thérapie familiale peuvent aider les personnes atteintes et leurs familles à comprendre, à apprendre comment gérer cette affection et comment empêcher les complications de se produire. Les groupes de soutien peuvent aider les personnes atteintes en leur faisant partager leurs sentiments et expériences communes sur leur affection, son traitement et sa prise en charge.

Une personne souffrant de trouble bipolaire peut aussi :

  • apprendre à reconnaître les signes d'avertissement précoces d'un nouvel épisode d'humeur;
  • avoir une alimentation équilibrée;
  • essayer de dormir suffisamment et aller au lit à heure régulière chaque soir;
  • éviter les boissons alcoolisées et les drogues illicites;
  • faire régulièrement des exercices physiques;
  • réduire le stress au travail et dans la vie en général.

tenir un journal pour garder une trace de vos sentiments quotidiens, de vos activités, de vos rythmes de sommeil, des événements de la vie et des effets secondaires des médicaments. Cela vous aidera, vous et votre médecin, à déterminer quel traitement vous convient le mieux.

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